Nelson Vallejo-Gómez avec Claude Allègre (Paris, septembre 1999)
Par Nelson Vallejo-Gómez (Paris, 4 janvier 2025)
Qu’il fût un polémiste invétéré, soit !
Mais quel panache ! Quel esprit débateur au mot d’esprit flamboyant du genre : à la fin de l’envoi, je touche ! Les débats, les polémiques, voire les disputations à l’ancienne, le revigorer.
Il aimait réfléchir à contrecourant, avoir raison ou tort contre tous le rendait plus coriace, plus incisif, plus disruptif, plus créatif. Je crois même qu’au fond de lui, il s’en réjouissait.
Ce n’est pas pour rien qu’il avait choisi d’être un chercheur en sciences de la vie et de la terre, un chercheur très controversé, car plus politique que chercheur, peut-être. Il était tellurique et volcanique. Il avait une idée nouvelle à la minute sans se soucier si l’intendance pouvait suivre. Il vivait à la température prodigieuse de sa propre destruction créatrice.
Claude Allègre fut un scientifique fort contesté, un chercheur très habile, mais surtout, un politique visionnaire sur les enjeux relatifs à l’éducation, la science et la technologie pour l’innovation dans l’économie de la connaissance.
Il fut le premier à saisir que sans réforme radicale de l’école aux labos, pas d’économie de la connaissance qui vaille ; voilà pourquoi, il fut le premier à concevoir, à travers la Déclaration de la Sorbonne, en mai 1998, que la communauté européenne devait lancer un dispositif d’harmonisation de la diversité illisible de son système d’enseignement supérieur, donnant lieu au processus de reconnaissance institutionnelle des formations #SorbonneBologne. Conscient que l’offre de l’enseignement supérieur français devait être internationale et à l’international, il créa EduFrance, qui devient par la suite, #CampusFrance.
Il fut le premier à proposer, s’inspirant de cette Déclaration, une rencontre inédite à Paris des ministres chargés de l’éducation et de l’enseignement supérieur en Europe et en Amérique latine, donnant lieu au processus inachevé #ALCUE (septembre 2000).
Il fut le premier à reconnaître l’importance des travaux d’Edgar Morin sur l’éducation, et à lui proposer de présider le premier conseil scientifique de l’éducation nationale, portant sur le projet de réforme « quels savoirs enseigner dans les lycées ». Un rapport lui fut présenté, en avril 1998, à partir des Journées Thématiques « Relier les connaissances, le défi du XXI siècle ». Le ministre le trouva, hélas ! par plus disruptif que lui, parce qu’il portait sur une réforme paradigmatique et nullement programmatique du système éducatif, alors, le rapport fut «encarafé» par son fameux «Mamouth» ; mais, grâce à ce rapport qui s’en est suivi, nous avons pu faire émerger à l’UNESCO, au niveau international, #LesSeptSavoirs nécessaires à l’éducation du futur (octobre 1999), avec le soutien de Gustavo Lopez Ospina et de feu Federico Mayor.
Il fut le premier à recevoir le projet de Jean-Michel Blanquer, portant création d’un Institut des Amériques, et à le soutenir. #JackLang accepta de le poursuivre ensuite et, d’en confier sa préfiguration à monsieur Blanquer.
Claude Allègre donna un soutien inconditionnel à la proposition de #CandidoMendes, portant création d’une #AcadémieDeLaLatinité, afin de promouvoir dans une mondialisation déréglée par la violence et l’indifférence les principes et valeurs des langues-cultures latines.
Claude Allègre était un homme dont la pensée était en action, disruptive peut-être, créatrice toujours.
Je ne saurais embrasser, en ces quelques mots, tout ce qu’il a apporté à la France, à l’Europe et à l’Amérique latine, lui, qui avait porté la coopération éducative, universitaire et scientifique avec le Brésil, le Mexique et les États-Unis à un niveau qui ne cesse, depuis, d’être comme une peau de chagrin.
Ce fut un très grand honneur d’avoir pu le connaître et de porter en moi une partie de ses leçons pour le meilleur sur l’éducation, la science et la culture.
Je ne saurais embrasser, en ces quelques mots, tout ce qu’il a apporté à la France, à l’Europe et à l’Amérique latine, lui, qui avait porté la coopération éducative, universitaire et scientifique avec le Brésil, le Mexique et les États-Unis à un niveau qui ne cesse, depuis, d’être comme une peau de chagrin.
Ce fut un très grand honneur d’avoir pu le connaître et de porter en moi une partie de ses leçons pour le meilleur sur l’éducation, la science et la culture.
Merci, cher Claude Allègre. Paix à ton âme.
Anamnèse